Avec tact
Cicatrices, paupières tombantes, surpoids : une cliente ou un client présentant des caractéristiques physiques atypiques est souvent particulièrement sensible. Avec les mots justes, vous, professionnelle ou professionnel de l’esthétique, pouvez vous permettre d’aborder ces questions. Avec tact et bienveillance, évidemment.
Chaque personne est absolument unique – et c’est une bonne chose. Nous sommes non seulement différents les uns des autres par notre personnalité mais aussi par notre apparence. La couleur des cheveux et des yeux, la taille du corps ou la forme du visage et de ses différents organes n’en représentent qu’une fraction. Cette diversité est magnifique. Cependant, il existe des caractéristiques que l’on considère comme un « défaut ». S’il est vrai que la body positivity est de plus en plus présente dans les médias et auprès du public, il reste néanmoins encore beaucoup à faire dans ce domaine afin de créer une acceptation sociale la plus large possible des caractéristiques physiques non conformes à la norme et à l’idéal général de beauté, caractéristiques qui créent souvent une insécurité et un manque d’estime de soi. Découvrez ici comment aborder ces questions avec tact.
Une question de confiance en soi
La façon dont vous parlez à vos clientes et clients de leurs caractéristiques physiques est cruciale, et il faut tout faire pour ne pas les mettre mal à l’aise. En effet, vous ne savez pas toujours à quel point une personne en est consciente – surtout si c’est une nouvelle cliente. Si vous lui parlez franchement de ses caractéristiques physiques, cela peut l’effrayer, la gêner ou la déstabiliser.
Cependant, certaines personnes apprécient une approche directe. Toutefois, ne le faites que si vous connaissez bien votre vis-à-vis et que pouvez supposer sa réaction. Évitez d’utiliser un langage blessant des expressions tel les que « problème », « trouble » ou « anomalie » ont une consonance négative. Choisissez des mots neutres qui n’impliquent aucun jugement. Référez-vous aux termes techniques, et renoncez aux locutions familières qui sont délicates à employer et que la personne pourrait comprendre comme une critique.
Empathie et compétence professionnelle
Bien sûr, la plupart du temps, votre clientèle vous rend visite en institut pour s’occuper de ses « défauts », réels ou supposés. Ou simplement elle parle de ses particularités parce qu’elles ont leur importance pour le déroulement du traitement et les recommandations de soins. Par exemple, lorsqu’il s’agit de cicatrices, de taches de naissance ou de modifications de la pigmentation. Pour toutes ces situations, il est important de trouver les mots justes, d’utiliser les termes appropriés et de le faire avec tact, beaucoup d’empathie, de sensibilité et toutes les compétences professionnelles nécessaires.
Hyper- ou hypopigmentation : nous les rencontrons souvent, notamment sous forme de taches de vieillesse, masque de grossesse (mélasma), taches de naissance, taches de rousseur ou hyperpigmentation post-inflammatoire. En effet, comme la production de mélanine devient plus irrégulière avec l’âge, tout le monde ou presque subit des modifications de la pigmentation cutanée à partir d’un certain moment. Il convient néanmoins d’éviter les termes tels que taches de vieillesse ou troubles de la pigmentation, qui sont péjoratifs, même s’ils sont fréquemment utilisés dans la vie quotidienne. Personne ne veut se sentir « vieux» ou avoir un « trouble ». Parlez plutôt d’hyper- ou d’hypopigmentation et expliquezen le contexte : dans certaines zones du corps ou du visage, la mélanine est produite en trop grande quantité, ce qui entraîne des irrégularités dans la pigmentation de la peau. Nombre d’entre elles peuvent même être égalisées sur le plan cosmétique à l’aide de produits blanchissants pour conférer à la peau un aspect plus unifié.
Champ de vision restreint
Paupières tombantes : dans ce cas, la paupière supérieure mobile est partiellement ou totalement recouverte par un excès de peau. Le champ de vision se restreint, le fard à paupières ne peut plus s’appliquer correctement, le mascara coule en un rien de temps et le regard semble épuisé. Le terme courant de « paupière tombante » est alors désagréable à entendre. On parle donc plutôt d’un excès de peau sur la paupière supérieure dû à une élasticité cutanée réduite ou à une origine génétique. Avec les bons soins, il est possible d’améliorer le manque d’hydratation et de tonicité de sorte que la peau retrouve un peu de fermeté.
Cicatrices visibles : à la suite d’une blessure, une cicatrice reste souvent visible, parfois marquée et proéminente, ce qui la rend très pénible à supporter. Dans le langage courant, elle est souvent décrite comme « bombée » ou « repoussante ». Évitez de tels propos et appelez la cicatrices par son nom : cicatrice hypertrophique ou chéloïde. Expliquez que le tissu conjonctif a surcicatrisé et que la cicatrice se voit.
Cernes : dans la société, les cernes sont assimilés au manque de sommeil, à la consommation de drogues, aux fêtes et à un mode de vie malsain, ce qui est généralement totalement faux. Environ 80 % de la société est touchée par les ombres sombres sur la paupière inférieure. Traitez les cernes pour ce qu’ils sont en réalité : une coloration de la paupière inférieure. La peau sous les yeux est particulièrement fine, si bien que les vaisseaux sanguins transparaissent souvent. Expliquez ce contexte à votre cliente ou client. En cosmétique, certaines peptides spéciales atténuent cette coloration et l’harmonisent avec le reste du visage.
Fente labiale : cette malformation congénitale de la lèvre supérieure est généralement bien visible. Dans le langage courant, elle est souvent décrite par des termes complètement dépassés tels que bec-de-lièvre ou fente de loup, tous deux très inesthétiques et blessants pour les personnes qui en souffrent. Si nécessaire, mieux vaut nommer cette malformation fente labiale ou fente labio-palatine.
Boutons, points noirs et autres : les imperfections cutanées sont un sujet sensible car elles sont généralement bien visibles et difficiles à dissimuler. Évitez les termes courants comme boutons et points noirs, parlez plutôt de dépôts sébacés, de pores obstrués ou d’inflammation. Un mythe courant veut que les imperfections de la peau soient dues à un manque d’hygiène. Parlez-en pour que votre clientèle soit moins mal à l’aise.
Surpoids : le surpoids se voit et c’est un sujet sensible, souvent mal vu par la société. Il existe de nombreux termes péjoratifs que vous devez éviter à tout prix : gros, bedonnant, trapu, lourd, flasque, joufflu – choisissez bien vos expressions si vous voulez aborder le sujet. Pour les clientes, par exemple, formes féminines ou courbes généreuses peuvent être une option. Ces deux termes sont fréquemment utilisés dans le cadre des efforts actuels visant à renforcer la body positivity et l’amour de soi.
Sarah White
Esthéticienne et gestionnaire Beauty (IHK), elle a collaboré avec des chirurgiens plastiques en cabinet de cosmétologie médicale avant de se lancer dans une activité de formatrice internationale pour l’industrie cosmétique. Elle est la fondatrice de la marque iluqua.
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Texte : Sarah White
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