Un V2 tumultueux avec un « heartbeat » plein de « good vibrations » : telles sont les marques de fabrique incontestables des Harley-Davidson depuis plus de 115 ans. Et maintenant, une moto électrique ? Est-ce seulement possible ? N‘est-ce pas un peu trahir des centaines de milliers de fans enthousiastes, qui rendent hommage au V2 toute leur vie selon la devise : « Harley un jour, Harley toujours » ? Quoi qu‘il en soit : à l‘ère de Greta, du réchauffement climatique et de la durabilité, la mythique marque américaine est le premier fabricant de grande série à oser un pas audacieux vers l‘avenir de la moto.
Eclair léger
Grâce aux marques Energica et Zero, encore peu connues, nous avions déjà pu constater que les motos à propulsion électrique procurent beaucoup de plaisir. Outre l‘absence de son, les coûts d‘acquisition élevés ont jusqu’à présent empêché le succès des ventes, de même que l’autonomie relativement courte et les longs temps de charge. La nouvelle Harley-Davidson LiveWire ne fait pas exception à cette règle. Selon le style de conduite, un « plein » devrait suffire pour 150 à 230 kilomètres. Après environ 90 kilomètres de test, l‘affichage indiquait encore 50 % de la capacité de la batterie. Avec un chargeur rapide de type 2, une batterie complètement vide est à nouveau pleine une heure après, tandis qu’avec la prise 240 V à la maison, cela prend environ douze heures.
Ces données ne sont pas très exaltantes, mais par rapport au premier prototype « Project LiveWire » que nous avions eu la permission de conduire il y a cinq ans, les développements sont remarquables. Un cycle de charge complet prenait 3,5 heures à l‘époque ! Quant à la puissance, elle a été augmentée de 74 à 105 chevaux et le couple maximal de 70 à 116 newtons-mètres. En raison d’une batterie plus grande et plus lourde, la moto a cependant vu son poids augmenter d’environ 10%. Avec ses 249 kilos, la LiveWire reste l‘une des Harley les plus légères. Grâce à sa construction relativement fine, à la qualité de ses éléments de châssis et à son centre de gravité bas, elle est même de loin la plus dynamique et la plus sportive de la gamme.
En lieu et place du V2, la LiveWire loge sa batterie lithium-ion de 104 kilogrammes de façon optimale, couplée à un moteur synchrone à courant alternatif et refroidissement à eau. La transmission est assurée par des courroies crantées typiques de la marque. Les éléments de suspension entièrement réglables proviennent de chez Showa, et les freins de chez Brembo : la LiveWire reçoit le nec plus ultra. Avec quatre modes de performance, le mode Wheelie, l‘ABS et le contrôle de traction, toute la gamme des systèmes d‘assistance est également à bord. Seule pointe d‘amertume, un levier de frein non réglable en format H-D, assez encombrant.
Plaisir décuplé
Prenez place, c‘est parti ! On actionne l‘interrupteur principal situé sur la poignée droite du guidon pour donner vie à l‘affichage de l‘écran tactile TFT couleur. Quatre modes de conduite programmés (route, sport, autonomie, pluie) sont disponibles, qui, en plus de l‘accélération et de la puissance délivrée, influencent également la force de récupération, et donc l‘effet de freinage du moteur. Lorsqu‘on appuie sur le bouton de démarrage, les graphiques de l‘écran changent et signalent – malgré un silence toujours aussi inhabituel – que la moto est prête à partir.
Même pour les conducteurs expérimentés, le démarrage sans embrayage est un peu étrange au début. D‘autant plus que la quasi-totalité du couple est disponible à l‘arrêt ; couple qui expédie la LiveWire comme un boulet de canon si l‘on tourne la poignée des gaz avec imprudence. En mode sport, la Harley électrique atteint les 100 km/h en trois secondes, pour une vitesse de pointe limitée à 180 km/h. Plus on conduit, plus on s‘habitue à la e-propulsion, la confiance grandit et, avec elle, le plaisir.
Clarifications
La récupération d’énergie est obtenue en tournant la poignée d‘accélérateur dans le sens inverse. Selon le mode de conduite sélectionné, la moto freine plus ou moins fortement sans que l‘avant ne plonge. En mode sport, la décélération est tout aussi remarquable que l‘accélération. Pas besoin de manœuvres de freinage frénétiques, il suffit juste d’observer une gestion bien contrôlée des « gaz » pour que la bécane américaine enchaîne les virages avec un rapidité et un calme surprenants. Le poids imposant nécessite toutefois d’avoir la main forte et d’imprimer des commandes de direction claires.
Texte: Hanspeter Küffer / Photos : Alessio Barbanti