FACE & BODY

Quand la peau s’enflamme

Certains agents diminuent la couperose

Publié le 02.02.2023

Les rougeurs sur le visage sont difficiles à vivre au quotidien, surtout quand il s’avère qu’une maladie et non une hypersensibilité en est la cause. Certains cosmétiques ouvrent dans ce cas de nouvelles perspectives pour les atténuer.

 

Posséder une peau hypersensible avec une tendance aux rougeurs n’est pas rare. En revanche, si la rougeur persiste, on se trouve en face de couperose ou rosacée. Rien qu’en Allemagne, on estime que 2 à 5% des adultes en souffrent sans soupçonner au départ que cette rougeur est en fait de la couperose. Le stade préliminaire se caractérise par une rougeur fugitive. Puis suit le premier degré de gravité avec un érythème permanent et des télangiectasies (dilatations des petits vaisseaux sanguins) plus ou moins prononcées, souvent interprété à tort comme une hypersensibilité. Intervient alors l’usage de produits cosmétiques capables de réduire les rougeurs et d'aider la peau à se régénérer.

 

La malédiction des Celtes

Le nom de rosacée vient de la similitude de la rougeur du visage avec la floraison des roses (rosaceus du latin « rose »). Son évolution est chronique et récurrente. La dilatation des petits vaisseaux sanguins ou télangiectasies tout comme les papules, les pustules et des rougeurs au visage sont des manifestations caractéristiques de la rosacée. Bien que ces efflorescences ressemblent à l'acné, il n'y a aucun lien entre les deux maladies. Les causes de la rosacée ne sont pas encore clairement élucidées. Il est par contre certain qu'il s'agit d'une affection multifactorielle à prédisposition génétique. Les personnes à la peau claire sont plus fréquemment touchées d'où l'expression « malédiction des Celtes » citée dans la littérature. Le stress, le soleil, les aliments épicés, les boissons chaudes et l'alcool peuvent aggraver la couperose. Les indices spécifiques se manifestent dans la région centrofaciale : front, nez, menton et joues. Dérivée de différents symptômes cutanés, la rosacée peut se diviser en diverses manifestations/classifications.

 

Signes de la progression

En général, la maladie survient entre 30 et 50 ans, bien qu’un rougissement spontané du visage ou « flushing » s’observe plus tôt. Cette vasodilatation peut survenir manière aiguë, avec ou sans érythème persistant, sans toucher la région périorbitaire ou zone autour des yeux. La plus grande sensibilité de la peau ajoute au sentiment d’incertitude. Conformément à la classification, le flushing est une forme précurseur ou diathèse de la rosacée. Le premier stade est la rosacée érythémateuse-téléangiectasique (couperose) qui se caractérise par des rougeurs et des télangiectasies. Outre les signes visibles, les personnes concernées se plaignent de brûlures, de picotements, de sécheresse, de tiraillement, mais rarement de démangeaisons.

 

Le deuxième et le troisième stade de sévérité

Au deuxième stade de sévérité, la rosacée papulopustuleuse (papules et pustules inflammatoires et rougeâtres) s'ajoute à la rougeur persistante qui se manifeste principalement au milieu du visage. La disposition symétrique des efflorescences est ici typique. Un lymphœdème peut en plus s’y rajouter. L'aspect clinique de la rosacée papulopustuleuse rappelle celui de l'acné vulgaire sans les comédons spécifiques de l'acné.

Au troisième stade de sévérité, la rosacée glandulaire hyperplasique est une prolifération du tissu conjonctif et de glandes sébacées (hyperplasie). Cette forme touche principalement les hommes. Les changements cutanés qui peuvent affecter le nez (rhinophyma), le menton/la mâchoire (gnathophyma), le front (metophyma), l'oreille (otophyma) ou les paupières (blepharophyma) sont ressentis comme particulièrement pénibles par les personnes atteintes.

Cette classification est un reflet partiel de la réalité, car les différents symptômes et efflorescences apparaissent souvent ensemble. Une transition d’un stade à l'autre n'est pas nécessairement le cas.

L’écorce, la fleur et les feuilles du marronnier d’Inde sont riches en aescine, un mélange de saponines ayant des effets anti-inflammatoires et vasoconstricteurs.

L’écorce, la fleur et les feuilles du marronnier d’Inde sont riches en aescine, un mélange de saponines ayant des effets anti-inflammatoires et vasoconstricteurs.

Exclusivement des cosmétiques bien tolérés

Les dermatologues le savent, soigner conformément la peau est fondamental pour gérer au mieux la rosacée ainsi qu’optimiser et perpétuer le résultat du traitement médical. L’altération de la fonction de barrière provoque une perte d'eau transépidermique accrue et il est indispensable de donner sa préférence à des agents actifs cosmétiques parfaitement tolérés. Les produits doivent être non gras et exempts d'additifs irritants potentiels comme l'alcool, le menthol, le camphre ou le laurylsulfate de sodium. Indépendamment de la sélection des agents actifs appropriés, les soins doivent s’axer sur un nettoyage efficace mais doux avec des produits au pH respectant parfaitement la physiologie de la peau et riches en agents hydratants comme l'acide hyaluronique ou le panthénol.

Les soins impliquent l’ajout d’ingrédients hydratants qui stabilisent la barrière cutanée avec les grands classiques niacinamide ou glycérine. Des agents destinés à réduire les rougeurs et renforcer les vaisseaux sanguins complètent les soins. Il s'agit notamment du rétinaldéhyde ou rétinol qui fait partie des rétinoïdes et qui, en raison de ses effets stimulant le collagène, est principalement utilisé dans les cosmétiques anti-âge. Il a une influence positive sur les vaisseaux sanguins, soutient le métabolisme cellulaire et renforce les couches supérieures de la peau. En résumé, le rétinaldéhyde relance l’activité cellulaire et lutte indirectement contre les petits vaisseaux dilatés qui ressortent moins.

 

Anti-inflammatoire

Finalement, le rétinaldéhyde augmente la capacité de la peau à fixer l'eau. Le teint retrouve une nouvelle fraîcheur et la peau son élasticité. La rutine, qui est un flavonoïde et un glycoside de la quercétine que l'on trouve dans les feuilles de vigne rouge, a fait ses preuves dans les soins des peaux sensibles ayant tendance aux rougeurs. Ses importantes propriétés antioxydantes protègent les tissus de la dégradation du collagène par les radicaux libres, réduisent l’impact des rayons UV et la dégradation de la vitamine C et renforcent indirectement le tissu conjonctif.

Les premières études effectuées indiquent que la rutine améliore la circulation sanguine et réduit en conséquence les risques d'œdèmes ainsi que les gonflements. Ses propriétés anti-inflammatoires sont reconnues. Utilisé en cosmétique et en dermatologie, le marronnier d'Inde soulage l’insuffisance veineuse. Son écorce, sa fleur et ses feuilles sont riches en aescine, un mélange de saponines ayant des effets anti-inflammatoires et vasoconstricteurs. Il accélère la résorption des œdèmes et inhibe les processus inflammatoires tout en améliorant la microcirculation.

Un soin adéquat et une protection solaire quotidienne abreuvent la peau de bienfaits.

Un soin adéquat et une protection solaire quotidienne abreuvent la peau de bienfaits.

La protection solaire adéquate

Le soleil aggrave la rosacée et une protection solaire quotidienne est indispensable. Le rayonnement UV entraîne, entre autres, la formation d'espèces réactives de l'oxygène (ROS) qui augmentent les processus inflammatoires de la couperose par modification oxydative des protéines et des lipides. Les produits de protection solaire les plus appropriés sont ceux à large spectre qui protègent à la fois contre les rayons UVA et les rayons UVB. D’autre part, il ne faut pas négliger une protection contre les rayons infrarouges. Des études sur la tolérance des produits de protection solaire chez les patients atteints de rosacée font encore défaut, mais en pratique, les filtres solaires physiques que sont le dioxyde de titane et l'oxyde de zinc présentent une bonne tolérance. Un facteur de protection solaire d'au moins 30 est la norme. Sous forme galénique, les produits de protection solaire convenant aux peaux couperosées renferment des substances non grasses comme les gels.

 

 

 

 

Dr. Meike Streker est une scientifique spécialisée dans les cosmétiques experte dans le domaine de la recherche cosmétique et clinique. Elle enseigne dans le département de la science cosmétique de l'université de Hambourg. Elle est oratrice lors de congrès professionnels, formatrice et auteure professionnelle.

 

CONTACT

Dr.Streker@web.de

 

 

 

Texte : Dr. Meike Streker

Photos : stock.adobe.com (3), Dr. Meike Streker (1)

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