Un torse de rêve
Les formes féminines sont gênantes lorsqu’elles surgissent là où elles sont indésirables, à savoir chez l’homme. Si ses seins se développent, c’est un grand fardeau psychologique. Il est possible d’y remédier.
La gynécomastie est une croissance – presque toujours – bénigne mais indésirable de la glande mammaire ou du tissu adipeux environnant, qui apparaît chez les adolescents de sexe masculin et les hommes adultes. Elle peut se produire d’un seul ou des deux côtés et entraîne souvent une perte de confiance en soi et un grand sentiment de honte car la poitrine hypertrophiée d’un homme n’est pas exactement attirante. Les thérapies diffèrent selon la cause de la gynécomastie. On distingue les formes suivantes :
La véritable gynécomastie : ce type de gynécomastie n’est en fait que le symptôme d’un trouble ou d’une maladie hormonale, ou exprime l’effet secondaire d’un médicament. Les causes de la véritable gynécomastie sont généralement des perturbations temporaires ou permanentes de l’équilibre hormonal. Pour l’essentiel, on peut distinguer les déclencheurs suivants :
- la production réduite d’hormones sexuelles mâles,
- les maladies de la thyroïde, les maladies du foie et des reins, les maladies tumorales (carcinome de la prostate),
- le cancer du sein chez l’homme,
- l’absorption d’hormones par l’alimentation : aliments traités aux hormones ainsi que la consommation excessive de bière brassée avec du houblon,
- les effets secondaires des médicaments,
- la consommation régulière de marijuana.
La gynécomastie pubertaire : pendant la puberté, certains garçons connaissent une croissance indésirable de leurs seins, qui disparaît généralement complètement avec le temps. Selon des études, ce phénomène est déclenché par un déséquilibre des hormones sexuelles : une augmentation de la valeur de l’IGF-1 (facteur de croissance analogue à l’insuline 1) si les taux d’oestrogène et de testostérone augmentent aussi. Si ce tissu de la glande mammaire ne régresse pas après l’âge de 20 ans ou si l’on est en présence de troubles hormonaux, il ne peut être enlevé que par voie chirurgicale. Cette gynécomastie dite pubertaire peut exercer une pression psychologique considérable sur les adolescents qui évitent alors souvent les activités sportives en commun, comme par exemple la natation.
La gynécomastie sénile : avec l’âge, la production d’hormones mâles dans les testicules diminue et, en parallèle, davantage d’androgènes se transforment en oestrogènes dans le tissu adipeux. Ces deux effets combinés peuvent provoquer un début de croissance du tissu de la glande mammaire. Dans le même temps, la peau se relâche et le volume du muscle pectoral sous-jacent diminue. Il en résulte un « affaissement de la poitrine ». Dans les cas prononcés, une liposuccion ou même une combinaison de liposuccion et de mastectomie (ablation du tissu mammaire) incluant une mammopexie sont indiquées.
La pseudogynécomastie (lipomastie, sein gras) : en cas de surpoids sévère (indice de masse corporelle supérieur à 30), la formation de seins est uniquement causée par l’augmentation du tissu adipeux dans cette zone. La cause de la lipomastie est donc simplement une augmentation des dépôts de graisse pouvant être réduite par un régime alimentaire adapté. Dans certains cas, cependant, une liposuccion de soutien est nécessaire.
Exclure les maladies
Diagnostic : en principe, l’examen échographique du sein doit avant tout permettre de distinguer s’il y a une croissance du tissu adipeux ou de la glande mammaire et d’exclure une tumeur. En cas de mal-être général tel qu’une sensation de tension, une croissance soudaine des seins, une restriction des mouvements ou une sensibilité particulière au toucher des mamelons, des tests hormonaux et une échographie des testicules sont également effectués.
Traitement : comme le fardeau psychologique est généralement très lourd, on peut tenter de faire régresser le sein en prenant des préparations hormonales, en perdant du poids, en arrêtant le médicament en cause et en évitant la viande traitée aux hormones. Toutefois, comme cette méthode ne donne pas toujours les résultats escomptés, la poitrine peut être réduite par une intervention chirurgicale.
Technique : dans le cas d’une simple accumulation de graisse, la liposuccion peut suffire à éliminer la poitrine indésirable chez l’homme. Toutefois, s’il y a également un excès de tissu glandulaire, la glande mammaire est enlevée par une incision autour du mamelon. Si le sein est très volumineux et présente un excès de peau considérable, une mammopexie doit être effectuée dans un deuxième temps. L’intervention est réalisée en ambulatoire ou stationnaire, de préférence sous une courte anesthésie.
Risques : les infections éventuelles, les saignements secondaires, les hématomes, les séromes (accumulation d’eau dans la plaie), les cicatrices et l’engourdissement autour du mamelon peuvent généralement être traités et corrigés. Des opérations correctives sont possibles.
Suivi : port d’une ceinture thoracique serrée pendant environ quatre semaines, après quoi les activités sportives peuvent être reprises.
Selon l’ampleur et la cause, les coûts de l’intervention sont couverts par l’assurance maladie. Cependant, la gynécomastie est souvent un problème purement esthétique, dont le traitement doit être pris en charge par le patient.
Dr. Med. Colette C. Camenisch est spécialiste FMH en chirurgie générale et en chirurgie plastique, reconstructive et esthétique. Elle est médecin associée au Centre de chirurgie plastique de la clinique Pyramide am See à Zurich.
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Texte : Dr. Med. Colette C. Camenisch
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